Voitures de collection
C’est la belle histoire de l’automne 2015, deux spécialistes de la maison d’enchères Artcurial poussent la porte d’un château poitevin pour expertiser quelques voitures de collection, dans le cadre d’une succession. Sitôt ouverte la première porte, ils pénètrent dans la caverne d’Ali Baba.
Remisés côte à côte sous des piles de vieux journaux, deux véhicules d’anthologie - une Ferrari et une Maserati - pointent leur calandre caractéristique.
Valeur approximative de la « trouvaille » ? 10 millions d’euros. On se déplace pour moins…
La caverne d’Ali Baba
Aussi excités qu’Howard Carteret Lord Carnavon pénétrant dans le tombeau de Toutânkhamon, les deux hommes poursuivent leur exploration par un tour de parc. Et là, jackpot ! Stockées sous des hangars de fortune ouverts à tous vents, des dizaines de silhouettes fantomatiques mangées par la rouille et le lierre attendent leur prince charmant. La fine fleur de l’automobile française d’avant guerre : Bugatti, Hispano Suiza, Talbot Lago, Delahaye, Delage.
Dans certains cas, des modèles uniques redessinés par les grands carrossiers Chapron ou Saoutchik… Bien entendu, tous ces véhicules rassemblés dans les années cinquante par Roger Billon, un industriel qui rêvait de créer son musée auto, seront vendus quelques jours plus tard par Artcurial Motorcars.
Durant deux mois, la maison de vente n’a pas lésiné sur les moyens pour faire le buzz sur sa découverte et a battu le record de la collection Schlumpf avec cette vente exceptionnelle organisée en ouverture du salon Rétromobile.
De leur côté, les collectionneurs traditionnels récusent l’invention d’une collection connue – selon eux – de longue date et déplorent le tam-tam médiatique.
Anecdote ? Pas vraiment. Ce climat est révélateur d’une tendance lourde. Le marché du véhicule de collection s’est internationalisé. Auparavant chasse gardée des passionnés et des collectionneurs (pour certains très fortunés), il est devenu un marché de purs investisseurs « pour ne pas dire de spéculateurs, voire de blanchisseurs… » susurre un observateur averti.
Tam-tam médiatique
Attirés tout autant par le retour sur investissement que par le régime fiscal exonérant les œuvres d’art, les grands acheteurs tirent sur tout ce qui bouge, surtout dans le très haut de gamme. À preuve la croissance spectaculaire du département auto d’Artcurial. « Simca excepté, les prix de toutes les marques sont tirés inexorablement vers le haut » analyse Jean-Jacques Dupuis,rédacteur en chef de Gazoline,la bible du secteur.
Est-ce à dire qu’il n’y a plus aucun espoir pour les « happy boomers » rêvant de retrouver la voiture de leurs vingt ans ? Que nenni ! Il est encore possible de trouver de belles« quarante ans d’âge » notamment dans les marques françaises à condition de choisir le bon circuit d’achat (clubs de marque, petites annonces et incontournable bouche-à oreille) et de savoir que pour un même modèle, l’écart se creuse de plus en plus entre véhicule en état moyen et voiture en parfait état. On trouve encore sans problème des cabriolets Renault 4 CV état d’origine pour moins de 5 000 €, mais le même véhicule correctement restauré dépasse souvent les 14 000 €.
Les précautions indispensables
À chaque modèle ses défauts récurrents. D’où l’intérêt de checker avant achat la disponibilité des pièces de rechange. Même précaution à prendre du côté du contrôle technique (5 ans pour les véhicules classés collection) et de l’assurance avec des disparités tarifaires et des restrictions de circulation parfois importantes. Ces obstacles franchis, roulez, ce n’est plus que du bonheur ! Tandis que dans la région parisienne, Christop heest devenu une vedette des mariages avec sa Ford Mustang, à Mandelieu, Gérard C. déjà propriétaire d’une Triumph TR3, restaure avec son pote Jean-Pierre une Citroën Torpédo découverte à l’état d’épave. Juste pour le fun…
Citroën Méhari 4x4, produite à 1279 ex. entre 1979 et 1983. Plus-value annuelle : + 11%. Cotée 8400€en 2004, 24 000€ dix ans plus tard. Aucun problème pour retrouver des pièces de rechange sauf la transmission.
Renault R4 GTL. Ma 4L bien-aimée, produite à 642 000 ex. entre 1978 et 1994. Plus-value annuelle : + 16%. Aucun problème pour retrouver des pièces de rechange. Prix moyen : 500€ en 2004, de 2400 à 4500€ (séries spéciales) en 2014.
Increvable Deudeuche Citroën 2 CV 6, produite de 1970 à 1990. Plus-value 7,5% par an avec une accélération depuis 2010. La « Spéciale » est passée de 1900 à 2600€ en 10 ans. Le modèle Club cote deux fois plus cher (5000€). Aucun problème de pièces de rechange.
Alpine Renault GTA. La bombinette bleue, produite à 6494 ex. entre 1985 et 1991. Pas de problème de pièces mécaniques (identiques à celles de la R 25 turbo). Plus-value annuelle 0,9%. Selon définition, les prix oscillent entre 14 000€ et 17 000€.
Et si vous avez besoin d'aide et de conseil pour dénicher un modèle, vous pouvez toujours demander à Luc ancien pilote de carrera cup - passionné de voiture et de développement personnel - Max à Paris 17ème !